En 2023, moins d’un jeune actif sur deux âgé de 18 à 25 ans considère le CDI comme un objectif professionnel prioritaire, selon une étude menée par l’Ifop. Ce recul contraste avec la valorisation historique de ce contrat, longtemps perçu comme l’aboutissement du parcours professionnel.
Les attentes évoluent rapidement : flexibilité, quête de sens et équilibre vie privée-vie professionnelle s’imposent désormais dans les critères de choix. Les employeurs constatent une hausse des refus de CDI au profit de statuts plus flexibles, tels que le freelancing ou les CDD successifs, révélant un changement structurel dans la relation à l’emploi.
Plan de l'article
- Le CDI face à la génération Z : un contrat en perte de vitesse ?
- Qu’est-ce qui explique le désintérêt croissant des jeunes pour le CDI ?
- Entre quête de sens et envie de liberté : comment la génération Z redéfinit ses priorités professionnelles
- Vers de nouveaux modèles de travail : quelles perspectives pour l’avenir du CDI ?
Le CDI face à la génération Z : un contrat en perte de vitesse ?
Le contrat à durée indéterminée ne fait plus rêver la génération Z. Pour beaucoup de jeunes actifs, ce contrat, jadis synonyme de stabilité et de réussite, ne suffit plus à donner envie de s’engager sur le long terme. Selon une enquête Ifop relayée par la chercheuse Elodie Gentina, moins d’un jeune sur deux place encore le CDI en tête de ses objectifs professionnels.
Dans les entreprises, ce tournant se mesure au quotidien. Les directions et recruteurs peinent à fidéliser les profils issus de la nouvelle génération. Les besoins du marché du travail évoluent, mais la tentation de quitter le navire reste forte, même lorsque le CDI est sur la table. Le taux de chômage des jeunes reste élevé, mais le CDI ne fait plus figure de passage obligé vers la sécurité.
Désormais, la priorité va à la flexibilité, à l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et à la recherche de sens. Les dispositifs traditionnels, jugés trop rigides, ne séduisent plus autant. Face à ce constat, le modèle hérité des baby boomers s’efface progressivement au profit de nouvelles attentes.
Pour mieux cerner la réalité, voici les principaux changements observés :
- CDI : de moins en moins séduisant pour la génération Z
- Regard nouveau sur la fidélité et la stabilité en entreprise
- Alternatives appréciées : CDD, missions freelance, pluriactivité
Les jeunes actifs cherchent davantage d’autonomie, d’adaptabilité et d’alignement avec leurs valeurs. Ce mouvement oblige les entreprises françaises, longtemps attachées au CDI, à repenser en profondeur leur façon de recruter et de fidéliser.
Qu’est-ce qui explique le désintérêt croissant des jeunes pour le CDI ?
La génération Z n’accorde plus au contrat à durée indéterminée la même valeur symbolique que ses aînés. Plusieurs facteurs expliquent ce recul, loin des clichés habituels. Elodie Gentina, enseignante-chercheuse, souligne que les jeunes questionnent de plus en plus le sens des modèles contractuels classiques.
La défiance vis-à-vis du management vertical reste forte : la hiérarchie rigide et le manque d’écoute freinent l’engagement. Beaucoup de jeunes actifs rejettent les codes imposés, préférant un environnement où l’autonomie et la prise d’initiative sont encouragées. Le CDI, avec ses routines et son cadre figé, n’y répond plus.
L’équilibre entre vie privée et professionnelle devient également un critère déterminant. Les horaires fixes, les process lourds et la perspective d’un chemin tout tracé rebutent une génération qui aspire à moduler son temps de travail. Nombreux sont les jeunes diplômés qui privilégient les missions courtes, le freelance ou le CDD, quitte à réduire la sécurité sociale, mais pour mieux gérer leur quotidien.
Les réseaux sociaux contribuent à accélérer cette évolution. Ils relaient des témoignages, des parcours alternatifs, des comparaisons internationales qui nourrissent le désir de sortir du schéma traditionnel. Malgré un taux de chômage des jeunes encore élevé, la précarité ne pousse plus à rechercher la stabilité à tout prix. Au contraire, elle incite à diversifier les expériences et à s’émanciper du modèle unique.
Entre quête de sens et envie de liberté : comment la génération Z redéfinit ses priorités professionnelles
Le rapport au travail change de cap pour les jeunes actifs. La génération Z ne se contente plus d’un emploi stable : elle interroge la cohérence entre ses valeurs personnelles et le projet de l’entreprise, recherche l’impact positif de ses missions, et refuse de dissocier totalement vie privée et vie professionnelle.
La quête de sens s’incarne de plusieurs façons :
- Créer un impact social ou environnemental réel dans le quotidien professionnel
- Privilégier un management transparent, horizontal, et basé sur la confiance
- Remettre en cause le cloisonnement strict entre vie privée et vie professionnelle
L’aspiration à la liberté s’exprime aussi par la pluriactivité, le choix du freelance ou du CDD. Selon les chiffres de Pôle emploi, de plus en plus de jeunes cumulent plusieurs emplois pour élargir leurs compétences et varier les expériences. La formation continue et le mentorat deviennent des outils clés pour s’émanciper des parcours linéaires.
Ce modèle privilégie l’autonomie et la diversité, quitte à laisser de côté certains avantages sociaux attachés au CDI. Ce n’est pas une contrainte subie, mais bien le fruit d’un choix : celui de façonner un parcours professionnel à la carte, en phase avec une société mouvante.
Vers de nouveaux modèles de travail : quelles perspectives pour l’avenir du CDI ?
Sous l’impulsion des jeunes générations, le monde du travail évolue à grande vitesse. Face au désamour pour le contrat à durée indéterminée, les entreprises sont nombreuses à inventer de nouveaux cadres plus agiles, mieux adaptés aux attentes d’aujourd’hui. La mobilité professionnelle n’est plus l’exception : elle devient la norme.
Sur le terrain, certaines organisations testent des contrats évolutifs qui intègrent davantage de flexibilité et encouragent la formation interne. D’autres misent sur l’intrapreneuriat ou proposent des périodes sabbatiques, espérant séduire les talents grâce à l’autonomie et à la confiance. La capacité à donner un sens collectif à l’action et à instaurer un management de qualité pèse désormais plus que la simple promesse d’un CDI.
D’après une enquête de la fondation Jean Jaurès, 57 % des jeunes interrogés estiment que le CDI n’est plus l’objectif ultime. Ce constat tranche avec la vision des baby boomers. Les écoles de management, à l’image de l’IÉSEG, encouragent aujourd’hui leurs étudiants à inventer des parcours hybrides où se mêlent freelance, pluriactivité, et engagement associatif.
Négocier son contrat devient un exercice stratégique : il s’agit de trouver le bon équilibre entre protection sociale et liberté, fidélisation et mobilité. Rien n’est figé : la confiance se construit au fil du temps, dans la réalité du quotidien, bien loin des certitudes d’hier. Ce sont les jeunes qui, aujourd’hui, tiennent le stylo du futur du travail.

